Ce texte est un appel à toutes celles et ceux qui se sentent touchés et affectés par ce qui se joue dans nos forêts. Écrit à l’issue de la première rencontre des luttes forestières, en France, à Nestier (65), il invite à faire des forêts un nouveau point de ralliement pour le mouvement social contre la main mise des industriels, des aménageurs et de la finance.
Partout en France, la mobilisation contre l’industrialisation des forêts s’intensifie. Poursuivons-la !
Du 10 au 13 mars 2022, une quarantaine de délégations venues de toute la France et plus d’une centaine de personnes se sont retrouvées dans les Hautes-Pyrénées pour poser les bases d’un mouvement populaire de défense de la forêt. Venus d’horizons divers, ces collectifs ont décidé de faire front commun contre l’industrialisation de la filière.
Nous sommes profondément animés par le respect de la démocratie et, pour que nos forêts restent vivantes, nous défendons l’idée qu’elles soient considérées comme des communs naturels que nous devons protéger de la malforestation. Des alliances se dessinent pour faire des forêts le coeur vibrant d’une nouvelle relation au vivant.
Nous ne voulons plus être les spectateurs de la dégradation et de la marchandisation de nos forêts. Nous en avons assez des coupes rases et des logiques extractivistes qui malmènent les écosystèmes. Nous en avons assez du cynisme des dirigeants qui démantèlent le service public forestier. Nous exigeons l’arrêt immédiat de la privatisation de l’ONF, les embauches de fonctionnaires assermentés pour répondre à leurs missions d’intérêt général.
Il est temps d’agir et de nous retrouver. En automne dernier, nous étions déjà des milliers à manifester dans le cadre de l’Appel pour des forêts vivantes. Des carnavals sauvages ont retenti dans les bois, des militants ont planté des feuillus sur d’anciennes coupes rases, des manifestants sont venus scander leur colère devant le siège des institutions. Tandis que d’autres, s’appuyant sur l’éducation populaire, ont mis en lumière la beauté de nos alternatives, celles d’une sylviculture proche de la nature ou de forêts laissées en libre évolution, celles de savoir-faire ancestraux et de pratiques douces, attentives, aux cycles de la forêt.
Ce n’est que le début. Le mouvement a vocation à grandir. Rejoignons nos collectifs locaux et nos associations sur le terrain. Dans les prochains mois, une nouvelle mobilisation aura lieu.
La forêt n’est pas qu’un gisement de biomasse, une zone d’aménagement différé ou un simple puits de carbone, la forêt c’est avant tout un écosystème dont nous faisons pleinement partie. Nous sommes de plus en plus nombreux à partager cette réalité sensible. Dans la lutte, nous avons tissé de nouvelles amitiés, découvert de nouveaux sentiers. Nous ne nous arrêterons pas là.
Des luttes syndicales aux occupations, des naturalistes aux professionnels de la forêt et du bois, des associations environnementales aux collectifs citoyens, nous tissons le fil d’un même combat pour des forêts vivantes.
Nous sommes tous et toutes solidaires. Nous exigeons l’arrêt de tous les projets industriels inutiles et surdimensionnés et notamment la fin immédiate du projet FLORIAN à Lannemezan.
Alors que des dizaines de milliers de personnes défilent dans les rues ce week-end pour appeler à une politique climatique plus ambitieuse, il n’est pas inutile de rappeler que la forêt est en première ligne face au réchauffement climatique. Tout en nous sentant reliés à ces manifestations, nous invitons tous celles et ceux qui y participent à venir avec nous arpenter les chemins creux de nos forêts et à les défendre avec joie et détermination. Nous nous engageons solennellement à développer tous les moyens pour rassembler les luttes qui intègrent nos revendications et nos espoirs d’humanité. Ensemble, nous ferons pousser une jungle, un maquis inextricable qui fera reculer les machines et leur monde du profit.
Les participant.e.s aux rencontres
Article initialement publié ici : Déclaration de la première rencontre des luttes forestières